Messages étiquettés ReADSL

Num’Hér@ult, kesako ?

Près de 1000 km de fibre optique déployés à travers tout le département de l’Hérault entre 2008 et 2009, une bonne nouvelle pour nos accès Internet (pas très) haut-débit ?

La réponse est oui mais pas forcément dans le sens où on aurait pu l’attendre…

Retour sur la genèse et le principe de Num’Hér@ault :

  • un projet du conseil général lancé en 2002 visant à “apporter le haut débit > 2 Mbps à 98% de la population et 97% des entreprises du département”
  • Un lancement avorté après une décision de justice annulant le marché public en 2005, puis relancé en 2007
  • Près de 1000 km de fibre optique déployés à travers tout le département, interconnectée avec des réseaux fibres existants (ceux de l’A75 et d’ERDF)
  • 102 NRA France Télécom connectés
  • 189 Zones d’Activité Économique connectées
  • Plus de 80 millions d’Euros investis dont une vingtaine par les institutions publiques (département, région et Europe)
  • Une délégation de service public (DSP) accordée à un consortium privé (Covage, LD Com, etc…) sous la bannière de Hérault Télécom qui exploitera le réseau pour une durée de 22 ans

Voila de beaux chiffres mais en pratique qu’est ce que cela apporte aux habitants mal ou pas desservis par l’ADSL ?

Commençons par ce que Num’Hér@ault ne fait pas :

  • Il ne rend pas éligible à l’ADSL les lignes qui ne l’étaient pas précédemment
  • Il n’améliore pas les débits des lignes mal desservies par l’ADSL (vous aviez du 512, ce ne sera pas mieux)
  • Il n’apporte pas la fibre optique chez l’abonné (FTTH) c’est un réseau de transport pas un réseau de distribution. Pour être exact Num’Hér@ault est un réseau d’opérateurs, ses clients sont des opérateurs qui louent à Num’Hérault un “droit de passage” leur permettant d’être ainsi présent sur les points desservis par le réseau (ZAE, NRA…) sans passer par le réseau de France Télécom, comme c’était obligatoire jusque ici. Ce sont ces opérateurs qui peuvent alors proposer des offres (aux particuliers et aux entreprises) depuis ces points de présence.

Par contre Num’Hér@ault apporte :

  • En reliant les NRA France Télécom, les FAI peuvent “dégrouper” ceux-ci, c’est à dire proposer depuis ces NRA des offres ADSL dégroupées, où l’abonné économise le prix de l’abonnement France Télécom (192 € d’économie par an). Ce n’était pas le cas précédemment car seuls les NRAurbains” et “péri-urbains” avaient été dégroupés, ceux “plus loin” ne l’étant pas car pour les atteindre les FAI devaient passer par le réseau de France Télécom en situation de monopole et de concurrence (puisque proposant lui-même des offres ADSL sur le même réseau, les mêmes NRA). Les FAI “peuvent dégrouper” : cela ne signifie pas que tous les FAI le feront (par exemple sur le NRA de Gignac, seul SFR-Neuf est présent, nous n’aruons donc pas d’offres de dégroupage Free ou autres :-( ). Cela ne signifie pas non plus que les FAI seront présents sur tous les NRA : si Num’Hér@ault leur permet de ne pas dépendre que de France Télécom pour arriver dans ces NRA, cela ne rend pas forcément l’investissement dans ces NRA rentable pour eux…
  • En reliant les ZAE avec la fibre optique, Num’Hér@ult apporte aux entreprise la possibilité de souscrire des offres d’accès à très haut débit auprès d’opérateurs privés. Cela est une très bonne nouvelle pour nos entreprises locales même si les entreprises en zone urbaines, pouvant déjà bénéficier du “vrai” haut-débit pour du très haut-débit, continueront à payer moins cher leur accès. Mais, c’est un vrai pas en avant dans l’aménagement du territoire économique.
  • Enfin, je l’avais oublié, mais Num’Hér@ult comprend un volet sur la couverture des “zones blanches”. Comme le réseau lui-même (voir précédemment) ne résorbe pas directement celles-ci pour l’ADSL, c’est une autre solution qui a été retenue : le Wifi. En effet, en plus de desservir les NRA et les ZAE, Num’Hér@ult dessert un certains nombre d’antennes radio (nouvelles). Celles-ci, appelées “stations de base” permettent dans un rayon de 6 km autour d’elles de proposer un accès à Internet à 2 Mbps voire 6 Mbps par une technologie Wifi (Hyperlan 5.4 GHz, dénommée “WifiMax” qui est la marque d’un des FAI proposant cette offre)


En pratique, pour les habitants et entreprises de Saint-Bauzille et Popian :

  • La “dégroupabilité” des NRA n’apporte rien. En effet, nous sommes reliés au NRA de Gignac en ReADSL. Or il n’existe aujourd’hui aucune offre de dégroupage sur du ReADSL. De plus, seuls Orange (France Telecom) et Free proposent aujourd’hui le ReADSL, mais seul SFR/Neuf propose du dégroupage sur Gignac.
  • Pour les entreprises (ou indépendants comme moi), oubliez. La fibre a beau passer à 400m de Saint-Bauzille, aucune interconnexion n’est envisagée.
  • Par contre une station de base Wifi est installée au Pouget et elle “arrose” nos deux communes. 2 FAI (Luxinet et West-Telecom) vont y proposer des offres 2 et 6 Mbps d’ici le mois de mai 2010 à des tarifs comparables à ceux de l’ADSL (entre 30 et 40 € par mois) avec possibilité d’avoir aussi la téléphonie illimitée et le dégroupage (mais pas la TV…)

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ADSL, comment ça marche (pas) ?

“L’Asymmetric Digital Subscriber Line” alias ADSL est aujourd’hui la principale technologie d’accès à l’Internet à haut débit en France… sauf pour 15% de la population qui en sont privés ou, au mieux, y ont accès mais à minima.

Un petit retour en arrière : quand la France déploie dans les années 60-70 un réseau téléphonique commuté (RTC) couvrant aujourd’hui près de 100% de la population, ce sont de simples fils de cuivre (“la paire de cuivre”) qui sont déroulés sur des millions de kilomètres pour relier chaque prise téléphonique à son central, le répartiteur.

Pas de problème à l’époque, il s’agit de transporter de la voix sous forme analogique pour laquelle cette paire de cuivre fait merveille, même si elle n’est pas protégée des interférences, qu’elle soit aérienne ou souterraine, cela fonctionne.

Mais le transport de la voix n’utilise qu’une partie de la capacité de transport de signaux de la paire de cuivre (les fréquences les plus basses). Les hautes fréquences ne sont pas utilisées. C’est cette non-utilisation que met à profit l’ADSL à la fin des années 90 pour transporter des données numériques (après moult expérimentations plus ou moins réussies comme le Minitel ou le RNIS).

L’ADSL utilise donc ces hautes fréquences pour faire parvenir dans nos foyers la fée Internet. Pour cela, les signaux haute fréquences sont “injectés” (multiplexés pour être exact) sur la paire de cuivre au niveau du répartiteur téléphonique que l’on appelle aujourd’hui NRA au moyen d’un DSLAM (“DSL Access Multiplexer”). La fonction du DSLAM est de convertir le signal numérique de votre FAI en un signal DSL transportable sur votre ligne.

À l’autre bout de la ligne, sur la prise téléphonique, un filtre ADSL sépare (démultiplexe) le signal téléphonique classique du signal DSL qui est transmis à une Live/Free/9/Alice/B/etc-BOX qui vous restitue alors un signal numérique Internet.

Source : http://www.dslvalley.com/adsl/re-adsl.php

Tout cela est très beau, mais comment se fait-il que certains ne puissent accéder à l’ADSL, d’autres (comme à Saint-Bauzille et Popian) “un peu” et certains “jusqu’à 20 Mégas” (© tous les FAI) ?


Tout simplement, le signal DSL est trop affaibli en arrivant chez nous pour permettre un débit correct. Cet affaiblissement, valable pour toutes les lignes ADSL, dépend de 3 facteurs :

  • La longueur de la ligne : plus celle-ci est longue, plus le signal est affaibli. En pratique, les “jusqu’à 20 Megas” ne sont valables que si vous habitez dans un rayon de 500m autour du NRA. Pour Popian (mimimum 6000m) et Saint-Bauzille (minimum 6500m) : on en est loin…
  • Les fils de cuivre eux mêmes : plus ces fils sont fins, plus le signal s’affaiblit. Suivant quand et comment a été installée la ligne téléphonique, on trouvera différents diamètres de fils, avec très souvent des variations sur la longueur de la ligne (7560m en fil de diamètre 8/10 suivis de 200m de diamètre 6/10 dans mon cas)
  • La fréquence des signaux enfin puisque les plus hautes fréquences (véhiculant potentiellement des débits plus importants) sont plus atténués que les fréquences les plus basses

Il y a un 4e paramètre qui n’est pas technique, mais qui dépend des FAI qui limitent volontairement le débit pour des questions d’offres commerciales…

Tout cela conduit à un affaiblissement théorique (en pratique c’est une autre histoire) que l’on mesure en dB. Suivant sa valeur, on peut espérer :

  • Avoir du “20 Megas comme dans la pub” entre 0 et 20 dB (ce qui n’arrive quasiment jamais)
  • Avoir du “vrai” haut-débit (entre 8 et 16 Mbs) quand on a moins de 40 dB
  • Avoir du haut-débit entre 2 et 8 Mbs quand on a moins de 60 dB
  • Au dessus de 60 dB, pas d’ADSL possible, enfin presque

Donc nous nous trouvons dans une zone où l’affaiblissement est au mieux de 65 dB et au pire de plus de 80 dB, sans ADSL… théoriquement, car en pratique il existe depuis 2005 le ReADSL qui complète l’ADSL en injectant des signaux DSL sur des fréquences un peu plus basses que l’ADSL “classique”.

Conséquences : un “portée” plus grande, disponible jusqu’à 78 dB affaiblissement (c’est bien) mais un débit limité, généralement à 512 Kbps voire 1 Mbps (c’est moins bien). Tout cela pour le même prix…

Voila où nous en sommes à Saint-Bauzille et Popian aujourd’hui avec peu de perspectives que cela évolue rapidement. Mais j’en reparlerai…

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