“L’Asymmetric Digital Subscriber Line” alias ADSL est aujourd’hui la principale technologie d’accès à l’Internet à haut débit en France… sauf pour 15% de la population qui en sont privés ou, au mieux, y ont accès mais à minima.

Un petit retour en arrière : quand la France déploie dans les années 60-70 un réseau téléphonique commuté (RTC) couvrant aujourd’hui près de 100% de la population, ce sont de simples fils de cuivre (“la paire de cuivre”) qui sont déroulés sur des millions de kilomètres pour relier chaque prise téléphonique à son central, le répartiteur.

Pas de problème à l’époque, il s’agit de transporter de la voix sous forme analogique pour laquelle cette paire de cuivre fait merveille, même si elle n’est pas protégée des interférences, qu’elle soit aérienne ou souterraine, cela fonctionne.

Mais le transport de la voix n’utilise qu’une partie de la capacité de transport de signaux de la paire de cuivre (les fréquences les plus basses). Les hautes fréquences ne sont pas utilisées. C’est cette non-utilisation que met à profit l’ADSL à la fin des années 90 pour transporter des données numériques (après moult expérimentations plus ou moins réussies comme le Minitel ou le RNIS).

L’ADSL utilise donc ces hautes fréquences pour faire parvenir dans nos foyers la fée Internet. Pour cela, les signaux haute fréquences sont “injectés” (multiplexés pour être exact) sur la paire de cuivre au niveau du répartiteur téléphonique que l’on appelle aujourd’hui NRA au moyen d’un DSLAM (“DSL Access Multiplexer”). La fonction du DSLAM est de convertir le signal numérique de votre FAI en un signal DSL transportable sur votre ligne.

À l’autre bout de la ligne, sur la prise téléphonique, un filtre ADSL sépare (démultiplexe) le signal téléphonique classique du signal DSL qui est transmis à une Live/Free/9/Alice/B/etc-BOX qui vous restitue alors un signal numérique Internet.

Source : http://www.dslvalley.com/adsl/re-adsl.php

Tout cela est très beau, mais comment se fait-il que certains ne puissent accéder à l’ADSL, d’autres (comme à Saint-Bauzille et Popian) “un peu” et certains “jusqu’à 20 Mégas” (© tous les FAI) ?


Tout simplement, le signal DSL est trop affaibli en arrivant chez nous pour permettre un débit correct. Cet affaiblissement, valable pour toutes les lignes ADSL, dépend de 3 facteurs :

  • La longueur de la ligne : plus celle-ci est longue, plus le signal est affaibli. En pratique, les “jusqu’à 20 Megas” ne sont valables que si vous habitez dans un rayon de 500m autour du NRA. Pour Popian (mimimum 6000m) et Saint-Bauzille (minimum 6500m) : on en est loin…
  • Les fils de cuivre eux mêmes : plus ces fils sont fins, plus le signal s’affaiblit. Suivant quand et comment a été installée la ligne téléphonique, on trouvera différents diamètres de fils, avec très souvent des variations sur la longueur de la ligne (7560m en fil de diamètre 8/10 suivis de 200m de diamètre 6/10 dans mon cas)
  • La fréquence des signaux enfin puisque les plus hautes fréquences (véhiculant potentiellement des débits plus importants) sont plus atténués que les fréquences les plus basses

Il y a un 4e paramètre qui n’est pas technique, mais qui dépend des FAI qui limitent volontairement le débit pour des questions d’offres commerciales…

Tout cela conduit à un affaiblissement théorique (en pratique c’est une autre histoire) que l’on mesure en dB. Suivant sa valeur, on peut espérer :

  • Avoir du “20 Megas comme dans la pub” entre 0 et 20 dB (ce qui n’arrive quasiment jamais)
  • Avoir du “vrai” haut-débit (entre 8 et 16 Mbs) quand on a moins de 40 dB
  • Avoir du haut-débit entre 2 et 8 Mbs quand on a moins de 60 dB
  • Au dessus de 60 dB, pas d’ADSL possible, enfin presque

Donc nous nous trouvons dans une zone où l’affaiblissement est au mieux de 65 dB et au pire de plus de 80 dB, sans ADSL… théoriquement, car en pratique il existe depuis 2005 le ReADSL qui complète l’ADSL en injectant des signaux DSL sur des fréquences un peu plus basses que l’ADSL “classique”.

Conséquences : un “portée” plus grande, disponible jusqu’à 78 dB affaiblissement (c’est bien) mais un débit limité, généralement à 512 Kbps voire 1 Mbps (c’est moins bien). Tout cela pour le même prix…

Voila où nous en sommes à Saint-Bauzille et Popian aujourd’hui avec peu de perspectives que cela évolue rapidement. Mais j’en reparlerai…