Le “déport de signaux” est une des techniques évoquées précédemment permettant d’améliorer les débits (et l’éligibilité) ADSL. En quoi et pourquoi nous conviendrait-elle ?

Petit rappel : le débit possible sur l’ADSL dépend de la longueur de la ligne de cuivre entre le NRA et l’abonné. Plus la ligne est longue, plus le signal est affaibli et donc moins le débit peut être grand :

  • Au dessus de 60dB d’affaiblissement (78 dB pour le ReADSL) pas d’ADSL possible
  • Pour avoir du “bon” débit, il faut généralement être à moins de 2,5 km du NRA
  • Chez moi, Saint-Bauzille / Popian est à plus de 6 km du NRA, à 70 dB d’affaiblissement moyen…

Le “déport de signaux” raccourcit cette distance, non pas en mettant le NRA plus près des abonnés, mais en “court-circuitant” une partie de la ligne de cuivre et la remplaçant par une liaison en fibre optique (qui a un affaiblissement beaucoup plus faible et dépendant moins de la distance).

En pratique :

  • Au NRA : les lignes cuivre sont branchés sur un boitier DSLFibre (fabriqué et commercialisé par la société isèroise IFOTEC)depuis les DSLAM. Ce boitier convertit et multiplexe les signaux DSL en signaux fibre.
  • Entre le NRA et le SR (sous-répartiteur) : une ligne fibre optique est installée (dans des fourreaux existants, de nouveau fourreaux ou en aérien sous les lignes électriques haute ou moyenne tension).
  • Au SR : un second boitier DSLFibre relié au SR démultiplexe les signaux fibre pour les distribuer sur les lignes cuivre.
  • L’ensemble a un affaiblissement de 7 dB seulement (équivalent à 300m d’affaiblissement ADSL) jusqu’à 30 km de fibre.
  • La ligne cuivre depuis le SR termine la liaison ADSL jusqu’à l’abonné avec un affaiblissement ADSL beaucoup plus faible (genre 1000m entre le SR et l’abonné => 23 dB).
  • On a donc   la zone de couverture de l’ADSL, rendant éligible au “triple play” tous les abonnés à moins de 2,5 km du SR, et rendant éligible à l’ADSL quasiment tout le monde, sauf les hameaux très isolés).

En quoi cette solution est-elle pour moi préférable aux deux autres étudiées lors de la consultation de l’ARCEP sur la montée en débit ?

  • Elle est “neutre”, c’est à dire qu’elle ne favorise ou défavorise aucun FAI par rapport aux autres. Elle ne les oblige pas à investir pour équiper en DSLAM un nouveau NRA a priori peu rentable. La solution s’appuie et “prend” ses connections ADSL au NRA d’origine sur les DSLAM des FAI. Dans les autres solutions France Télécom est avantagé (il est forcément présent) ainsi que les seuls FAI qui investissent pour équiper le nouveau NRA.
  • Elle permet à la collectivité qui la finance (car ce sont les collectivité locale qui paieront, aucun doute là-dessus) d’être propriétaire de la fibre et des équipements, ce qui n’est pas le cas dans les autres solutions où France Télécom est propriétaire de la boucle locale.
  • Elle préserve la boucle locale existante.
  • Elle prépare au déploiement futur (et très hypothétique) de réseaux très haut-débit FttH (Fiber to the Home) avec la liaison NRA->SR déjà fibrée.
  • C’est une solution française (cocorico !), mais je vais y revenir plus loin…

Au niveau des coûts, pour nos villages il faudrait compter sur :

  • 40000 à 150000 euros pour construire la liaison fibre (suivant la technique employée et le bon vouloir de FT)
  • 20000 à 50000 pour le génie civil à réaliser autour du SR
  • le prix des équipements DSLFibre (pas eu les prix de IFOTEC :-)

Pour finir, la solution s’est vue reprocher un certains nombre de défauts lors de la consultation de l’ARCEP (surtout de France Télécom en fait :-) . Il faut être honnête et les présenter :

  • La solution ne serait pas mature techniquement et aurait besoin d’être expérimentée (Note : FT la connait pourtant et l’utilise depuis 2005 pour l’aménagement ADSL du centre spatial de Kourou :-)
  • Elle ne bénéficierait pas d’une filière industrielle éprouvée (Note : effectivement un seul fabriquant qui l’a conçue, mais qui est prêt à s’associer avec d’autres industriels pour monter en volume)
  • Elle n’a pas un existence et une reconnaissance internationale (Note : revoilà le cocorico mais dans l’autre sens, si ça ne peut être produit en Chine ce n’est pas intéressant économiquement, j’ai bien compris ?)
  • Elle est un peu trop “neutre”

J’arrête là, ces arguments me c…

Pour aller plus loin, IFOTEC présente sa solution plus en détail ici.